vendredi 11 février 2011

Auvergne



- Clermont Ferrand est un festival extrêmement stimulant. Je l'ai déjà dit, c'est Cannes avec tout en plus petit (son marché, ses films, sa grande salle, ses fêtes...) mais c'est l'absence de fric et l'envie des gens qui fait surtout la différence. Les gens présents sont là pour faire des films novateurs, pour exprimer ce qu'ils ont à dire, pour tenter des choses, pour rencontrer des gens et faire naitre leurs envies de cinéma. Le marché, c'est surtout pour montrer ses films. Si on veut gagner de l'argent, c'est pas l'endroit.

Le court métrage, c'est un marché globalement de 20 millions d'euros en France. Soit moins que le budget annoncé du dernier film de Dany Boon.

Et c'est toujours un plaisir d'y retourner pour rencontrer des réalisateurs, pour voir des films, pour saluer ses collègues producteurs, compagnons de galère et échanger autour des projets. Et puis rencontrer les gens dans les chaines et dans les régions qui se battent encore pour que ce secteur (essentiel pour la vitalité de la création) continue de subsister.

A l'heure ou il est question d'étendre la convention collective cinéma, ou les premières régions commencent à revenir sur leur dispositif de soutien, c'est un peu la charnière qui commence à approcher.

Les gens disent ça tous les ans, mais cela semble plus vrai que jamais en ce moment.

- Je suis revenu avec une bonne pile de scénarios et de DVD à regarder. Je vais écluser ça dans les semaines qui viennent. Si vous me lisez, chers réalisateurs motivés, je vous répondrai.

- D'ailleurs, écrivez des synopsis plutôt que des scénarios complets.

- Et puis écrivez des scénarios très courts, c'est ce qui est recherché par nos amis les diffuseurs riches.

- J'ai diné avec une réalisateur franco-arménien charmant, déjà primé pour son film, accompagné de l'Orange Girl, ainsi que des prods de Cassiopée et de Ikonokas. Il nous a raconté son enfance soviétique, son amour inconditionnel de la France ("le meilleur pays du monde") et de son cinéma. Et ses galères pour monter ses longs métrages.

Je l'ai retrouvé par hasard dans le train du retour, ou nous avons discuté avec une russe, en larmes et saoule, qui nous racontait ses accidents à répétition et ses pieds brisés, son divorce et l'amour de son fils qui lui manque.

Lorsqu'il s'est mis à lui parler en russe avec sa douce voix, elle a souri et l'a remercié. Je ne sais toujours pas ce qu'il lui a dit.

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