mardi 16 juin 2009

Montparnasse


Petite séance de rattrapage en allant chez Coté Court, le festival de court métrage de Pantin, à 100m de chez moi.

Ca m'a permis de voir un film de Brigitte Sy (très bien si ce n'est la dernière minute), et un film fort sympathique avec Lorant Deutsch, Claude Miller et Grandrieux.

Mais surtout ça m'a permis de voir enfin Montparnasse, le dernier film de Mikhael Hers, réalisateur spécialisé dans le court métrage de 57 minutes. Auteur de Primrose Hill, primé à Clermont y'a deux ans. Le film était à Cannes (à la Quinzaine) et j'avais pas pu. Bref, c'est fait.

Pour la faire vite, au niveau du pitch, ce sont trois segments qui retracent "l'histoire" de trois jeunes filles, une nuit, dans le quartier de Montparnasse. Une première est déprimée et discute avec sa soeur, une seconde est morte et plane encore sur son ex et son père, une troisième drague un guitariste.

On retrouve les motifs (qu'on qualifiera désormais de Hersien) de Primrose Hill avec ces longs plans séquences au stead qui accompagnent les personnages et qui leur laisse le temps de discuter. Chez Hers, quand la discussion est face à face, elle est gênée, mal en place. Les regards sont fuyants et les attitudes plus brusques. Ses personnages sont comme lui : c'est quand ils se mettent en route que la magie commence. Il y a une vraie délicatesse dans cette mise en scène (et dans cette alternance) qui permet de toucher aux personnages. Les personnages du film sont très "français" (tout ce que l'ami Mouches d'eau pourrait détester). Ils ont tous une blessure interne et cette blessure est dans le non dit. Le spectateur va comprendre petit à petit ce qui se trame vraiment dans la tête de chacun. Il y a quelque chose qui relève un peu du défi et qui fonctionne ici un peu moins bien que dans son précédent du simple fait de la répétition. Le motif se fait ici beaucoup plus visible, l'artifice un peu plus factice.

Il n'empêche. Chaque petite séquence parvient à être touchante. Il y a cet aspect un peu "démo" mais chacun des 3 segments retient l'attention pour un petit détail. La séquence de danse du premier. Le magnétisme de Vinçon et l'humour dans le second, la scène sur la terrasse dans le troisième. Pleins de petits signes annonciateurs que Hers pourra un jour, avec le scénario adéquat, faire de très belles choses dans le format unitaire et plus long. Car on retrouve dans ces personnages, tous à peu près du même âge, la mini-trentaine, cette même peur caractéristique. Ce sentiment qui les traverse tous de voir les choses s'échapper, de se frotter à quelque chose de plus grand qu'eux. Une sorte de lose quotidienne, très mélancolique, qui vient se frotter à une autre force antagoniste, qui les pousse toujours à vivre malgré tout, à relever la tête, à se raccrocher à quelque chose. Des beaux petits persos en somme.

Comme dans son précédent, la direction d'acteur fait merveille quand la matière première est bonne. Le casting n'est pas au diapason : le premier segment notamment ne me parait pas très bien servi. Vinçon par contre, comme d'habitude, est assez impérial. C'est incroyable que ce mec ne soit pas plus utilisé aujourd'hui. Lolita Chammah aussi, en quelques secondes, parvient à apporter un petit quelque chose. En parlant simplement de Quad. Pareil pour Stéphanie Daub-Laurent. En une réplique, un regard, elle envahit l'espace. Prend l'écran.

Après, c'est bien éclairé et la HD fait merveille dans cette ambiance de ville de nuit.

Un troisième film touchant, qui corrige certains problèmes du précédent (la voix off) et qui promet pour la suite. Mais attention Mikhael : les travellings de marche, ça peut pas durer 90 minutes!

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