mercredi 25 juin 2008

Evocation

L'immense force de Valse avec Bachir, c'est d'interroger la mémoire d'Israël. L'essence de la politique est là.

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Ari est un soldat qui a assisté au massacre de Sabra et Chatila (Septembre 1982). Il ne s'en souvient pas. Il a quelques images en tête... L'invasion du Liban. Beyrouth. Mais il s'arrête là. Son parcours va l'amener à interroger ses hallucinations, évocations symboliques de la Shoah (scènes totalement hallucinantes visuellement et cinématographiquement parlant). Ou comment 40 ans après les nazis, les israéliens vont donner un coup de pouce à une acte de génocide contre le peuple palestinien. Au fur et à mesure de ses rencontres et des étapes qu'il va franchir, il va se souvenir. Et nous avec lui. Jusqu'au basculement final: gros plan sur ses yeux et le contre champ qui devient réalité. Petit à petit le film nous a promené dans les méandres de la mémoire d'Ari et nous a glissé, sans réellement qu'on s'en rende compte, dans la réalité et la complexité du conflit au proche orient.

La démonstration est vraiment forte. Je comprends l'immense buzz qui a agité tout le monde à Cannes, notamment les acheteurs du monde entier. Le film reste en effet plutôt grand public et parvient à clarifier une situation qui ne l'est pas forcément pour tout le monde.

Au delà de ça, le parti pris formel permet de briser de façon étonnante la frontière entre documentaire (les interviews, les personnages, les histoires racontées sont réelles) et fiction (toutes les séquences de guerre non commentées, les hallucinations). Les dessins sont d'une très grande beauté et l'animation, simple, n'en fait pas des caisses dans l'esbrouffe. L'important est évidemment ailleurs.

Le film n'a pas usurpé sa réputation. Il est fort, intelligent, riche et profond. Faut y aller les loulous.

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