dimanche 21 septembre 2008

Normandie III




- La première fois, c'était y'a quasiment 10 ans. Pendant notre deuxième année de prépa, on était parti avec des potes dans une maison de campagne normande pour faire la fête, décompresser avant d'affronter ces terribles concours qui allaient nous disperser aux quatre coins de la France.

J'avais raté la deuxième édition, il y a 3 ans.

Ce week end, c'était Normandie III. 9 gugusses dans une mini-baraque de Deauville pour juste envoyer du gros pendant 2 jours. Pas déçu du voyage.

Déjà, 10 ans après, le topo est édifiant : l'un est devenu le troisième pilote de rafale junior, un autre construit des plates-formes pétrolières au Congo Brazzaville, le troisième est devenu franc-maçon et dirige un centre commercial dans le nord de Paris, l'autre a programmé le dernier Alone in the dark, celui ci est devenu docteur en physique appliquée. Les gens ont avancé. Et quand je leur parlais de mes aspirations et de mon boulot, ils me regardaient avec des yeux tous ronds et un vrai intéressement, une vraie envie. Ca fait du bien d'avoir du soutien dans cette période de doute.

Karting : le constat s'impose, le pilote de chasse nous a juste mis la misère. Les G, il les encaisse sans aucun problème. Meilleur temps en course, troisième meilleur tour de l'histoire du circuit. Le cadre était exceptionnel. A coté de Pont l'évêque. Un château totalement normand dans sa dégaine et puis dans le jardin du chateau, un grand circuit pour voitures de course et ce très beau circuit de karting.

La plage : football américain à 4 contre 4 sur la plage déserte et le coucher de soleil au loin. Des chevaux qui passent. Des mecs qui cherchent de l'or dans le sable avec leur détecteur. Juste le bonheur. Et du gros niveau en plus. Là encore, la condition physique du militaire a fait la différence. Mais j'ai déboité le pétrolier.

Et puis vient le moment de la soirée et un des moments les plus improbables de mon existence de fête. On est 9 mecs. On décide de sortir en boite. A Deauville. "On va chercher des meufs pour entrer" se dit on. Non. A 1h du matin dans Deauville, c'est "I am legend". Y'a strictement personne.

Vaille que vaille, on va vers chez Régine. A l'entrée, la porte s'ouvre.

- Vous avez reservé ?
- (Intox) Oui, hier on est passé et on a vu ça avec une belle blonde.
- Charlotte ?
- Oui... Charlotte...
- Ok... Attendez.

Fermeture du porte. Trois mannequins sortent pour fumer une clope. Comme on était déjà pas mal pintés du dîner, nos regards deviennent troubles et les bouches s'entrouvent.

Des mafieux russes se font jeter parcequ'ils n'ont pas de chemise.

La porte se rouvre.

- Vous prenez une table et c'est bon.

Festival.

On entre, sapés un peu comme des clodos mais on a nos chemises! A l'intérieur, tout le monde en costard et les nanas en robes de soirée. Boite blindée. Du champagne de partout. Je déteste ces ambiances mais on est en groupe et on traverse la salle pour s'installer. Deux bouteilles : 350 € (en tout on lâchera dans les 600 €... juste insensé) et c'est parti.

La soirée me gave un peu. Des vieilles belles qui allument comme jamais. Tous faux seins dehors. Et puis surtout un enterrement de vie de jeune fille de mannequin. Avec un groupe de 9 nanas toutes plus canons les unes que les autres. Elles portent toutes un t-shirt. "Bling bling girls". Extraordinaire à regarder. Elles fermeront la boite avec nous à 5h. Mais pour le coup, quelque chose n'a pas changé : le regard que ce genre de nanas porte sur les mecs qu'on peut être. Le mépris ultime. Alors l'alcool aide un petit peu alors que la soirée avance. Elles consentent à danser avec nous mais dès qu'on tente quoi que ce soit, c'est l'ouragan Ike qui se déchaîne. Et dehors, alors qu'on tente de taper la discute, c'est l'impression d'être devenu l'homme invisible.

Passons là dessus. Les bling bling girls resteront à jamais du fantasme. C'est pas plus mal.

Au moment clé de la soirée ou je m'endors sur la banquette, le DJ envoie "Killing in the name". Toute la jet-set Deauvilloise met le poing en l'air en chantant "Fuck you I won't do what you tell me." Sur cette belle ironie, je repars jusqu'au bout de la nuit et aux croissants qui nous seront donnés à la sortie.

J'avais oublié à quoi pouvait servir un week-end.

- Et puis je ne vais toujours pas au cinéma. C'est mal.