mardi 22 juillet 2008

Shorty




Je ne sais pas encore si je peux me considérer comme producteur de court métrage. Je ne le pense pas. Pour l'instant, je suis développeur de courts métrages. On arrive pas à accoucher. Mais on est en gestation.

Mais que de signaux négatifs du "marché"...

Nos projets sont hors marché. C'est déjà pas simple. Les chaînes, les régions n'en veulent pas. Aucun. Personne. Mais des signaux effrayants arrivent à mes oreilles.

Un producteur que je connais vient de se prendre une claque que je n'estimais pas concevable en arrivant dans ce milieu. Un milieu dans lequel on va pour apprendre, dans lequel on se sert les coudes et dans lequel on joue franc jeu. Là, une boite qui prospérait et qui faisait autorité dans le milieu du court (programme spécial dédié à Clermont Ferrand cette année) va être obligée de mettre la clé à cause de la disparition d'une pratique qui était malgré tout plutôt franche et "logique".

Voici l'histoire: un réalisateur avec lequel ils ont travaillé , et qui n'avait pas touché de salaire pour le tournage du film, s'est retourné contre eux et les a poursuivi (il a touché de l'argent après, mais pas sous la forme de salaire, au moment des remontées de recettes du film). Ils avaient gagné dans un premier temps, avec toute la profession derrière eux. Et à raison il me semble: l'argent qu'on trouve pour financer le film va avant tout pour la fabrication dudit film. Pour qu'il existe. Si il y a du rab', on paye les gens. Le court métrage sert à ça. Ce n'est pas une industrie.

Là, en appel, ils ont perdu. Ils doivent verser une somme insensée. Rideau.

Cédric D. me disait aussi l'autre fois quand j'envisageais de tourner le film de Liam E. à l'arrache : "Tu peux. Mais à tes risques et périls." Je ne le croyais pas. J'ai peur qu'il ait raison. Il a subi plusieurs contrôles de la part des autorités fiscales et sociales sur des tournages, s'en sortant à chaque fois. Antoine R. me confirmait ça il y a quelques temps. Ca fait 10 ans qu'il produit du court métrage et il ne conçoit plus d'en tourner dans des conditions de guerilla.

Tout ça me fait peur en fait. Ca plus les cycles de réponse insensés. On dépose une demande, c'est plus de 6 mois qu'il faut attendre. Pour un résultat qui n'est pas assuré. Intenable.

La TV, c'est nul. Mais en 3 jours on a un rendez vous et une réponse cash et franche.

5 commentaires:

GM a dit…

te décourage pas, noony, on va les ken.

je me disais, pourquoi ne fais-tu pas comme la boîte dans laquelle T. est en stage? À savoir, fifty-fifty institutionnel/artistique.

du coup, tu peux faire ton blé sur l'institu et faire le mécène sur l'artistique... en même temps, T. hier me racontait ce qu'il y avait dans les films d'entreprise, bon, il avait beau être super-content d'y trouver des expérimentations formelles, ça reste de la pub, ça reste dégoûtant... y m'a raconté un machin sur le "développement durable", des mensonges éhontés (la formule "développement durable" l'étant déjà, un mensonge) que la boîte assume clairement au moment de la commande... brrr...

monde de merde/

Noony a dit…

Je ne me décourage pas. Mais le milieu du court métrage est difficile. L'institutionnel est évidemment LA solution adoptée par les boites comme nous. Mais c'est un travail de fourmi. Avec une rémunération pas toujours ultra gratifiante. Et généralement, ça te finance tes frais généraux, mais pas vraiment les films en eux mêmes.

On a quelques idées pour s'en sortir.

GM a dit…

faudra que tu discutes avec T, apparemment la boîte où il bosse ça va TRÈS TRÈS bien avec l'institutionnel.

Adrien va pas tarder à revenir de son boulot au festival de chépukoi dans le sud, on se remet à l'en-guerre dans la foulée.

quant à la cour, eh bien T. devrait bientôt sortir la tête de sous l'eau, comme moi quoi, et on s'y remet itou.

Khan a dit…

"ça reste de la pub, ça reste dégoûtant..."

Faut mûrir un peu aussi là...

Bon sinon c'est déprimant comme article.

GM a dit…

c'est en "mûrissant", justement, que j'ai compris à quel point la pub est dégoûtante ;)